les 233 passagers privilégiés, dont Chaumareys, Schmaltz et sa famille, embarquent sur six canots et chaloupes, dix-sept marins restent à bord de La Méduse, trois survivront;
mais 149 marins et soldats doivent s'entasser sur le radeau long de 20 mètres et large de 7 mètres avec peu de vivres. Lorsque l'amarre avec les autres canots se brise ou est volontairement larguée, le commandant laisse les passagers du radeau livrés à leur sort. La situation se dégrade rapidement, dès la première nuit 20 hommes se sont suicidés ou ont été massacrés.
Après 12 jours, le radeau est repéré par le brick L'Argus, quinze rescapés restent à bord: pour leur survie ils ont pratiqué très vraisemblablement le cannibalisme, cinq mourront dans les jours qui suivent.
Le 13septembre1816, le Journal des Débats, anti-bourbon, publie le rapport officiel du chirurgien Henry Savigny, rescapé du radeau: les révélations de l'imposture de l'échouage, le récit de la tragédie avec les conditions de vie extrêmes sous le soleil, sans eau, avec des rations de plus en plus réduites, les noyades, le tout dans un climat de violence permanent, les plus forts éliminant les faibles, déclenche un scandale politique. La marine britannique prendra en charge le rapatriement des survivants en France en raison des réticences du ministère français.
Le commandant de Chaumareys fut condamné à trois ans de prison.
Emma Pinet